Poésie·Réflexions

D’où vient l’or ?

L’or vient des étoiles
Fonderies du Très-Haut, chaudières fabuleuses, Par sa main allumées dans l’obscur firmament, Végas et Arcturus, Rigels et Bételgeuses, De votre sein ardent naquit chaque élément  !
L’hydrogène léger en vos cœurs se transmute  ; Le carbone apparaît, fécond générateurD’autres noyaux premiers de la matière brute, Selon une alchimie, prévue du Créateur.
Ces hauts fourneaux experts en astuce quantique, Ont coulé le laitier dont l’homme fut formé.Qu’il entonne avec eux un éclatant cantique, A la gloire infinie du Seigneur bien-aimé  !
Les mages d’orient, dans la nuit qui s’avance, Serrent leurs dons exquis, sous un manteau épais.En hâte ils vont offrir, poussés par l’espérance, L’or, la myrrhe et l’encens, à l’enfant de la paix.
Les étoiles ravies, scintillent d’allégresse, Entre elles répétant  : même l’or  ! même l’or  ! De nous il est sorti, et toute la richesse, Que le grand Trésorier prodigue à notre mort.
Mais les rois voyageurs, levant l’œil vers la voûte, Ne semblent regarder aucun soleil lointain, Sinon l’étoile élue, qui leur montre la route, Et dont le doux éclat ne tend qu’au but atteint.
Ainsi, dans sa bonté, souvent Dieu nous accordeDes heures bien remplies, un plan intelligent, A l’esprit plus d’un tour, à l’arc plus d’une corde, Un labeur productif, du succès, de l’argent.
Cependant sous le ciel, aucun or des étoilesN’apporte autant de joie, que l’insigne faveur, De pointer l’azimuth, d’écarter tous les voiles, Aux âmes en chemin, qui cherchent le Sauveur.
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1. L’or vient des étoiles.
Une des plus fascinantes découvertes du XXe siècle a été la nucléosynthèse des éléments dans les étoiles, à partir de l’hydrogène : toute la matière qui nous entoure et constitue nos corps a été premièrement produite dans ces véritables usines célestes que sont les étoiles. Les réactions décrivant l’apparition des éléments légers hélium, béryllium, carbone, oxygène… ont été établies depuis les années 1950 environ. Un peu plus tard on comprit que la synthèse des éléments plus lourds, jusqu’au fer (qui est le plus stable), s’effectue dans les dernières phases de la vie d’une étoile, lorsque sous l’attraction gravitationnelle elle s’effondre, puis explose en nova ou supernova.

L’existence d’éléments plus lourds, comme les métaux précieux ou radioactifs, posait toutefois une énigme théorique : les températures et la quantité d’énergie nécessaires pour agglomérer autant de nucléons dans un noyau paraissaient insuffisantes. Depuis peu on détient la preuve que ces éléments sont créés, pour leur plus grande part, lors de la collision de deux étoiles à neutrons (ce que représente la photo illustrant le poème). En août 2017 les deux détecteurs d’ondes gravitationnelles ligo et virgo, construits aux États-Unis et en Italie, ont pour la première fois observé un tel phénomène. L’analyse spectroscopique de la matière éjectée porte indubitablement la signature de l’élément Au, et, pour donner une idée de l’échelle de ce choc titanesque, on a estimé la quantité d’or produite à 16 000 fois la masse de la terre…

2. Les étoiles sont diverses et complexes.
L’homme sait faire une bombe H, que par la grâce de Dieu il n’a pas encore essayée sur ses semblables. Mais une étoile n’est pas une bombe (sauf quand elle meurt) ; ce qui s’y passe durant sa longue vie est très complexe, et n’a pu être un peu appréhendé qu’avec le développement de la physique quantique, qui nous introduit dans un monde magique où le bon sens commun doit lâcher prise et admettre une réalité qui le dépasse. Les progrès de la connaissance scientifique embellissent, sans l’avoir voulu, une image biblique : les étoiles sont des images des âmes humaines. Dieu les compte, et donne à toutes des noms lit-on dans le Psaume 147, et St Paul ne croyait pas si bien dire lorsqu’il écrivait aux Corinthiens : « … une étoile diffère en éclat d’une autre étoile… » l’astrophysique ayant montré depuis la très riche diversité de types d’étoiles, qui n’est pas sans rappeler combien les caractères peuvent varier d’une personne à l’autre.

3. Les belles illustrations tirées de la science sont rares.
C’est un fait que tout le monde constate, bien que par politesse on préfère ne pas s’étendre dessus : quand un prédicateur illustre son message par une analogie tirée de la technique, ou d’une avancée scientifique qu’il a lue dans le dernier Science & Vie, c’est en général très lourd et très laid, quand bien même la comparaison serait juste ; dès que l’orateur se met à parler d’électricité, de moteurs, d’ampoules, de disques durs, de chimie ou de physique, notre oreille poétique se ferme. Curieusement, l’astronomie semble échapper à cette malédiction, raison supplémentaire de s’y intéresser.

Citons deux exemples de poètes qui ont su utiliser l’astronomie pour parler le langage de l’âme : Sully Prudhomme, et Alice de Chambrier.

Le premier se sert de la découverte que les étoiles sont situées à des distances immenses l’une de l’autre, pour peindre de manière touchante notre solitude existentielle :

Et l’intime ardeur de ses flammes
Expire aux cieux indifférents.
Je leur ai dit : Je vous comprends !
Car vous ressemblez à des âmes :

Ainsi que vous, chacune luit
Loin des sœurs qui semblent près d’elle,
Et la solitaire immortelle
Brûle en silence dans la nuit.

https://www.poesie-francaise.fr/rene-francois-sully-prudhomme/poeme-la-voie-lactee.php

La seconde, poétesse évangélique suisse, a tiré de la périodicité des comètes une magnifique illustration du retour de l’âme à Dieu :

Comme un oiseau de flamme aux gigantesques ailes
Qui, venu du nadir s’en retourne au zénith,
La comète poursuit ses courses éternelles,
Certaine de sa route à travers l’infini.

https://fr.wikisource.org/wiki/Au-del%C3%A0/La_Com%C3%A8te

Toujours pas convaincu que l’astronomie peut trouver sa place dans un sermon spirituel ? Eh bien voici un argument sans réplique : Charles Haddon Spurgeon l’a couramment utilisée, et même il expliquait à ses étudiants comment tirer des caractéristiques de chaque planète du système solaire des illustrations pour leurs messages. Oui, on a bien lu SPURGEON ! Après ce mot ultime et puissant, le chrétien évangélique foudroyé, n’a plus qu’à mettre un doigt sur sa bouche, une chaude veste sur ses épaules, et sortir dans la nuit fraîche, pour contempler la voûte étoilée, et écouter si elle ne raconte pas à sa manière la gloire de Dieu, et la merveilleuse histoire de Noël.

2 commentaires sur “D’où vient l’or ?

    1. Merci ! en fait, ceux qui ont fait le plus de recherche effective, ce sont les astrophysiciens : Dieu a donné aux hommes des capacités stupéfiantes, dont ils songent rarement à le remercier.

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