Victor de Laprade (1812-1883)


Poète oublié aujourd'hui, Victor de Laprade fut élu à l'Académie française en 1858. Son œuvre tire son caractère d'une double inspiration : celle de la Nature personnifiée telle que la concevaient les anciens et celle de la foi chrétienne traditionnelle.
Un mot de Théophile Gauthier résume l'alliage ainsi obtenu :
"Laprade a fait aussi les Poèmes évangéliques, où il baptise l'art grec avec l'eau du Jourdain".

Ainsi s'explique que l'on trouve dans les deux pièces, proposées ci-dessous, des fragments d'une grande justesse et d'une vraie beauté, comme celui qui décrit la personne de Marie-Madeleine :

Cette âme avait tari plus d'une source amère
Avant de rencontrer l'onde qui désaltère ;
Et sa soif, survivant à mille espoirs déçus,
Puisait avec amour aux leçons de Jésus.

On rencontrera malheureusement aussi des erreurs théologiques manifestes comme celle-ci contenue dans la conclusion :

Madeleine a péché ; mais au livre des cieux,
Elle a blanchi sa page avec l'eau des ses yeux ;
Et le Seigneur lui doit, juste dans sa clémence,
Un immense pardon pour son amour immense.

La pure vérité biblique affirme, au contraire, que seules les souffrances de Jésus-Christ rachètent nos âmes. Nos souffrances propres n'ont aucune valeur d'échange pour le salut et sont souvent la conséquence de nos péchés ; elles peuvent être méritées mais non méritoires.

Certaines fantaisies iconographiques assez curieuses pourront surprendre, (par exemple celle d'attribuer à Jésus des cheveux roux !), mais encore une fois, dans La résurrection de Lazarre comme dans Marie-Madeleine, on trouvera des beaux vers dignes d'être lus et retenus :

Il pleurait ! et, pourtant, il tenait le flambeau
Qui rallume la vie au profond du tombeau ;

Celui qui ne croit point passera comme l'herbe ;
Mais celui qui recueille et qui garde le Verbe
Traversera la mort sans mourir ; il vivra
Dans la gloire du Père, et la possédera.

Ainsi en est-il de toute œuvre humaine en général : parmi beaucoup de scories s'y trouvent quelques perles, cultivées par l'Esprit de Dieu en nous.



Marie-Madeleine

En ce temps-là, ce fut une joie infinie
Chez tous les habitants du bourg de Béthanie :
Un pasteur avait vu, loin des chemins foulés,
Des voyageurs pensifs venir le long des blés,
Et, courant le premier, à la foule jalouse
Il avait annoncé le Seigneur et les Douze.
Or, comme aux jours anciens, par les vieillards rangé,
Le peuple s'assemblait près d'un puits ombragé ;
Et marchant vers Jésus, les enfants et les femmes,
Dont sa voix caressait si doucement les âmes,
Répandaient à ses pieds les palmes d'Amana,
Se pressaient pour l'entendre et criaient : Hosanna !
Et la joie éclatait, plus féconde et plus vive,
Sous le toit où devait s'asseoir un tel convive.
Chez Simon qu'il aimait et qu'il avait guéri,
Les élus attendaient l'hôte illustre et chéri ;
Et, mêlant de doux soins au chant des saints cantiques,
Des vases solennels puisaient les vins antiques.

Comme un ardent parvis aux Pâques préparé,
Le cénacle s'ouvrait rayonnant et paré ;
Seule au bord du Cédron pour en orner l'enceinte,
Marie avait cueilli le lis et l'hyacinthe,
De myrrhe et d'aloès frotté le cèdre noir ;
La table reluisait claire comme un miroir,
Et des tresses de fleurs erraient, collier fragile,
Sur le col rougissant des amphores d'argile.

Marthe au divin banquet n'avait rien épargné :
Une active rougeur parait son front baigné.
Elle avait elle-même, entre des branches vertes,
Servi les blonds raisins, les grenades ouvertes,
Les figues du Carmel, le miel pur de Membré,
Et le poisson des lacs et l'azyme doré,
Et l'agneau, qui n'avait qu'une semaine entière
Sur les monts de Galaad brouté la sauge amère,
Et le vin parfumé des vignes d'Engaddi
Que baise avec amour le soleil de midi.
Or, autour du festin les Douze se rangèrent,
Et les baisers de paix entre eux tous s'échangèrent.

Et le Maître s'assit : ses regards étaient doux ;
Son front blanc, couronné par de longs cheveux roux,
Avait dans sa beauté sereine et reposée
Une grâce ineffable et pleine de pensée ;
L'ardente charité, nimbe d'or et de feu,
Rayonnait de sa face avec l'esprit de Dieu.
Un manteau bleu s'ouvrait sur sa rouge tunique,
Ouvrage de sa mère et d'une pièce unique,
Mystérieux tissu qu'un prophète chanta,
Voile du corps sacré promis au Golgotha.
Devant Jésus était le pêcheur d'hommes, Pierre,
Le futur fondement de son Eglise entière,
Né pour la foi robuste et fait à l'action,
Tête chauve et brunie où vit la passion.
Mais la meilleure place était celle d'un autre,
Jeune homme aux blonds cheveux, chaste et suave apôtre !
Et qui, les yeux rêveurs et baignés à demi,
S'appuyait sur le sein de son divin ami,
Ame où le Christ versait sa parole secrète,
Jean, l'élu de son cœur, le disciple poète !

Et la sainte amitié, vin des vignes du ciel,
Circulait entre tous au banquet fraternel.

Or celle qu'on nommait Marie et Madeleine,
Perle de beauté rare et fleur de douce haleine,
Femme qui par le cœur avait beaucoup péché,
Madeleine était là, triste et le corps penché.
Cette âme avait tari plus d'une source amère
Avant de rencontrer l'onde qui désaltère ;
Et sa soif, survivant à mille espoirs déçus,
Puisait avec amour aux leçons de Jésus.
A genoux, et joignant ses deux mains, l'humble femme
Priait et soupirait du profond de son âme ;
Tremblant et se voilant sous l'or de ses cheveux,
Elle cherchait les yeux du Christ avec ses yeux,
Courbait son front rougi par une intime fièvre,
Sur les pieds de Jésus purifiait sa lèvre,
Et pleurait doucement le passé plein d'ennui
Où ses larmes coulaient pour d'autres que pour lui.
Jésus était pensif : or la sœur de Lazarre
Dans un vase d'albâtre avait un parfum rare
Apporté du désert, et plus loin que Memphis,
Fait d'une fleur qui croit au bord des oasis.
Le parfum s'épurait dans l'urne diaphane ;
Elle l'avait gardé de tout emploi profane,
Et venait à la fin, son jour s'étant levé,
Au Dieu de son attente offrir l'encens sauvé.
Dans un épanchement de douleur et d'extase,
Sur le corps de Jésus elle rompit le vase :
De larmes et de baume elle baigna ses pieds,
Les retint doucement sur son sein appuyés,
Et de ses blonds cheveux pressant leur chaste ivoire,
Longtemps elle essuya le flot expiatoire.

Et le parfum montait ; la salle du festin
Fumait comme un bois vierge au soleil du matin ;
Et l'air, tout imprégné des essences divines,
Vivifiait le sang dans toutes les poitrines.
Alors devant Jésus, il se fit un moment
D'un silence rêveur tout plein d'épanchement.

Mais tout à coup, tombant comme une pierre aride,
Un voix vint troubler cette extase limpide.

Elle disait : " Chassez cette femme d'ici !
Les agneaux et les boucs se mêlent-ils ainsi ?
Le Maître ne sait pas quelles lèvres impures
Osent à sa personne essuyer leurs souillures.
Croit-on qu'un peu d'encens et de pleurs épanchés
Achètent le pardon et lavent les péchés !
Il faut pour sauver l'âme une foi plus active :
La loi ne connaît point de pénitence oisive.
Le luxe et les parfums sont maudits des élus ;
C'est mal de se complaire à ces biens superflus,
De s'attendrir ainsi sur des larmes fleuries :
Le péché suit de près les molles rêveries,
Et ce baume, d'ailleurs, valait beaucoup d'argent ;
Le perdre, c'est voler du pain à l'indigent ;
Car, pour faire l'aumône, il aurait bien pu rendre
Trois cents deniers au moins, si l'on eût su le vendre !

Et les frères, troublés dans le fond de leur cœur,
Tournèrent à la fois les yeux vers le Seigneur.

Et lui, sur l'humble femme étendant ses mains pures :
" Oh ! ne la froissez pas de vos paroles dures ;
Hommes de peu d'amour, elle a fait mieux que vous !
Voyez mes pieds meurtris qu'elle essuie à genoux,
Ses yeux en ont lavé le sang et la poussière ;
Elle a de ses parfums répandu l'urne entière ;
Et tandis que ses pleurs jaillissaient en ruisseaux,
Je n'eus pas de vos yeux même une goutte d'eau !
Vous n'êtes pas venus, mes hôtes, mes apôtres,
Presser en m'abordant mes lèvres sur les vôtres ;
Marie a sur son cœur posé mes pieds brisés,
Et les réchauffe encore de ses pieux baisers ;
Son amour vigilant a pressenti mon heure ;
Sur mon corps embaumé, par avance elle pleure.
Oui, pour l'aumône même, un trésor amassé
Ne vaudrait pas l'encens que Marie a versé !
Vous aurez jusqu'au bout des pauvres sur la terre.
Hommes ! espérez-vous m'avoir toujours pour frère ?
Madeleine a péché ; mais au livre des cieux,
Elle a blanchi sa page avec l'eau des ses yeux ;
Et le Seigneur lui doit, juste dans sa clémence,
Un immense pardon pour son amour immense.
Je vous le dis : tous ceux à qui sera porté
Le Verbe de la paix et de la charité
Diront de cette femme, en chantant ses louanges,
Qu'elle a fait ce qu'au ciel doivent faire les anges ;
Et qu'elle montera, ses péchés expiés,
Poser encore là-haut des baisers sur mes pieds ! "
Et le Maître sortit : aux portes du cénacle
Des malades couchés attendaient un miracle.

 


La Résurrection de Lazarre

Quand la troupe des Douze, avec Jésus bannie,
Surmontant ses frayeurs rentra dans Béthanie,
Ayant encore aux pieds la poudre du désert,
La mort qui sait gagner tous les moments qu'on perd,
Plus prompte que l'ami qui doute et se prépare,
Entre Marthe et Marie avait saisi Lazarre ;
Et, depuis quatre jours, le frère bien-aimé
Dans l'ombre du sépulcre, hélas était fermé.
Or, la ville étant proche et les chemins faciles,
D'autant plus empressés qu'ils sont plus inutiles,
Dans la maison du mort les amis, les parents
Apportaient pour le deuil leurs pleurs indifférents.
Sous ce paisible toit, depuis la nuit fatale,
C'était un grand concours ; et la foule banale,
Cruelle en sa pitié, prodigue à chaque sœur
Ces consolations qui déchirent le cœur.

Mais du divin ami Marthe apprend la venue ;
Et, se précipitant, sur la route connue,
Court au-devant de lui, roi des infortunés
Vers qui par la douleur nous sommes ramenés.

Seule avec son chagrin, âme qui se dévore,
Magdeleine restait ne sachant rien encore.
De l'ombre et du secret ce cœur avait besoin ;
Des hommes, en son deuil, il voulait être loin.

Marthe en apercevant le Dieu qui les visite,
Eclate en longs sanglots, tombe et se précipite ;
" Il ne serait pas mort, lui dit-elle à genoux,
Seigneur ! si vous aviez habité parmi nous ;
Mais je crois fermement que par vous demandée
Toute grâce par Dieu nous doit être accordée. "

Et Jésus répondit : " Votre frère vivra. "
Et la sœur, saisissant ces mots qu'elle espéra,
Vole et porte à sa sœur la céleste nouvelle.
Les froids consolateurs s'étaient emparés d'elle ;
Et ses pleurs, seuls discours qui sachent consoler,
Retombaient sur son cœur, ne pouvant plus couler.

Mais, prononçant le nom qui la rassure
Et qui plus doucement fait saigner la blessure :
" Le Maître est là, dit Marthe, et vous appelle à lui ! "

On cherchait Magdeleine, elle avait déjà fui ;
Et déjà, hors du bourg, au champ des Térébinthes
Où Jésus l'attendait, arrivant les mains jointes :
" Il ne serait pas mort, disait-elle à genoux,
Seigneur ! si vous aviez habité parmi nous. "

Or, le zèle indiscret de ces gens qu'elle évite,
Sur ces pas vers Jésus les a conduits bien vite ;
Ils entouraient le Christ et cette femme en pleurs ;
Quelques-uns, il est vrai, pleurant de ses douleurs.

Jésus, qui sait pourtant comment sécher les larmes
Et pour toute souffrance a d'invincibles charmes,
Lui, qui voit par delà les ombres du trépas,
Lui, roi de ces hauts lieux où le mal n'atteint pas,
Lui, que l'esprit d'amour sur notre terre amène,
Le Verbe ! dans sa chair sent frémir l'âme humaine ;
Et, troublé d'un émoi qu'il n'a pas déguisé :
" En quel endroit, dit-il, l'avez-vous déposé ? "

Et ceux-ci, lui montrant le monument suprême,
Répondirent : " Venez, Maître, et voyez vous-même. "
Et, prenant le chemin de ce funèbre lieu,
Jésus pleura.

Merci de ces pleurs, ô mon Dieu !
Qu'au nom de l'amitié soit à jamais bénie
Cette larme tombant de la source infinie !
Merci des pleurs versés pour un ami perdu
Par celui dont l'amour au monde entier est dû !
Merci de ce torrent de l'onde universelle
Qui, tout pour un seul homme, en ce moment ruisselle !
Non, jamais de vos flancs, Seigneur, ou de vos yeux
N'a coulé sur la croix un flot plus précieux !

C'est l'arrêt des cœurs froids, scrupuleux ou stoïques,
Qui n'osent s'épancher sur de chères reliques ;
De ceux qui devant Dieu font à l'amour un tort
Des cris de désespoir auprès d'un lit de mort.
Seigneur, vous qui savez où vont tous ceux qui meurent,
Vous avez consacré pourtant ceux qui les pleurent ;
Vous permettez au cœur d'avoir ses chers élus,
Et de tout oublier, alors qu'ils ne sont plus.
Merci, Jésus, merci de l'éternel baptême
A l'amitié donné par les yeux de Dieu même !
O vous, sur les tombeaux, qui vous tordaient les mains,
Veuve aux cheveux épars courant par les chemins,
Seconde âme du mort qui demande à le suivre ;
Mères qui blasphémez et ne voulez plus vivre !
Vous, cœurs brûlants et jamais résignés,
Qui déchirez encor la place où vous saignez,
Qui reprochez à Dieu, sans pardon et sans trêve,
Ou l'amante ou l'ami que la mort vous enlève…
Non ! tous vos désespoirs n'offensent pas les cieux ;
Jésus compte, là-haut, tous ces pleurs précieux.
Oui, foulez sous vos pieds la parole inféconde
Qui veut vous consoler d'un seul par tout le monde !
Devant le corps glacé de l'enfant que tu perds,
Mère, il t'est bien permis d'oublier l'univers ;
De ton cœur pour ce fils tu peux bien être avare ;
Vois ! l'Homme-Dieu lui-même a pleuré sur Lazarre !

Il pleurait ! et, pourtant, il tenait le flambeau
Qui rallume la vie au profond du tombeau ;
Il pleurait ! devant tous et devant Dieu, sans honte,
Il donnait ses grands pleurs dont au monde il doit compte !

Or, tandis qu'une foule à l'entour se formait,
Les Juifs disaient entre eux : " Voyez comme il l'aimait ! "
Et quelques-uns, témoins de son dernier prodige,
Ajoutaient : " Si la mort de cet homme l'afflige,
Lui qui commande aux yeux aveugles de s'ouvrir,
Ne pouvait-il donc pas l'empêcher de mourir ? "

Mais le Christ, frémissant d'un grand frisson interne,
Marcha vers le tombeau. C'était une caverne
Dont un bloc de rocher fermait le large seuil.
Et Jésus dit : " Levez la pierre du cercueil ! "

S'approchant, Marthe alors, d'un son de voix qui navre :
" Seigneur ! Il a l'aspect et l'odeur d'un cadavre,
Car depuis quatre jours il est enseveli. "

Mais Jésus : " Tenez-vous ma promesse en oubli ?
Celui qui ne croit point passera comme l'herbe ;
Mais celui qui recueille et qui garde le Verbe
Traversera la mort sans mourir ; il vivra
Dans la gloire du Père, et la possédera.
Or, c'est par moi que Dieu vous parle et vous visite ;
C'est moi qui suis la vie et moi qui ressuscite ;
Marthe, le croyez-vous ? " Et le genou ployé :
" Je crois, dit-elle, au Fils par le Père envoyé ;
Je crois ! mes yeux, mon cœur, ma raison, tout m'atteste
En vous le Christ marqué de l'onction céleste. "

Et quelques hommes forts, plein de l'esprit nouveau,
Levèrent à l'instant la pierre du tombeau.

Jésus donc, embrassant d'un regard tout l'espace,
Tout l'azur infini dont Dieu voile sa face,
Jésus dit : " Dans les cieux brillants de vos clartés,
Soyez béni, là-haut, Père qui m'écoutez.
Puisque l'esprit d'amour, nous mêlant l'un à l'autre,
Unit mes volontés et les fond dans le vôtre,
Votre force est pour moi le souverain recours,
Et je sais qu'ô mon Dieu, vous m'exaucez toujours !
Car, lorsque vous créez, du soleil au brin d'herbe
Vous n'exécutez rien qu'à travers votre Verbe.
Mais je veux, à ce peuple, aujourd'hui faire voir
Qu'en moi vous avez mis, mon Dieu, votre pouvoir ;
Afin qu'ils sachent bien, tous ceux que je console,
Que, procédant de vous, je suis votre parole. "

Ainsi pria Jésus. Or, le peuple entourait
Les deux sœurs, sur le bord du sépulcre, et pleurait.
Magdeleine à genoux, l'âme en Dieu recueillie,
A tourné vers le Christ un regard qui supplie.
Et lui, tous ayant fait silence à ses côtés,
Cria d'une voix forte : " O Lazarre, sortez ! "

Soudain, vers le caveau, la foule qui se penche,
Dans l'ombre en mouvement, voit une forme blanche ;
C'est le mort qui se dresse, et qui se tient tout seul
Encore enveloppé, debout dans son linceul.
Les bras toujours liés le front sous le suaire.
Il monte les degrés du profond ossuaire ;
Et, devant tout le peuple épiant son réveil,
S'arrête sur le seuil en face du soleil.

Et Jésus, se tournant du côté de ses frères :
" Détachez, leur dit-il, les liens funéraires ;
Laissez marcher le mort. "

Et Lazarre vivant
Marchant vers sa maison. Et tous, en le suivant,
Silencieux, tremblants sous leur raison qui ploie,
Versaient des pleurs mêlés de terreur et de joie.
Et le seuil familier s'ouvrit avec transport
Au frère revenu du séjour de la mort ;
Et l'antique amitié, dans son divin calice,
Abreuva tous ces cœurs avec plus de délice,
Et l'âme de Marie, avec plus de ferveur,
Versa tous ses parfums sur les pieds du Sauveur.

 


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